GE-600

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dernière mise à jour dimanche 29 décembre 2002

J'ai décrit l'histoire globale des grands systèmes de General Electric, de Honeywell et de Bull sur le site FEB. La présente page se limite au GE-600 tel que je l'ai connu dans la pérode 1964-1966. En effet, la commercialisation en fut suspendue à la mi-66 pour essayer de corriger des défauts de fiabilité dans le matériel et ces insuffisances du logiciel. Cependant, tel le Phoenix renaissant de ses cendres, le GE-600 connaitra une nouvelle vie avec GECOSIII et sous Honeywell jusqu'à nos jours. On traitera ailleurs du projet MULTICS dont l'architecture est dérivée du GE-635 et qui malgré son arrêt au début des années 1980 a marqué profondément l'histoire de l'informatique.

Le GE-600 est un grand ordinateur développé par General Electric au début des années 1960 pour des applications surtout scientifiques. Une première estimation avait montré que la réduction de la redevance de location des machines IBM 704 et 705 utilisées dans les départements de GE, pouvait suffire à amortir le coût de développement d'un nouveau système. Bien entendu, ce n'était qu'une simple estimation...

L'origine du GE-600 est à rechercher dans la division micro-ondes de GE qui était engagée dans l'équipement du champ de tir de Cape Canaveral à une époque où celui-ci était occupé par les plate formes de tir de fusées Atlas pour l'US Air Force. Ce champ de tir utilisé aussi pour les fusées du programme de tir Mercury était équipé de calculateurs IBM 7090. GE avait la responsabilité de la station de trajectographie située dans l'île de Eleuthera située dans l'est des îles Bahamas. Au lieu d'un équipement en baies électroniques ad hoc initialement commandées par le client, John Couleur proposa que les calculs de trajectographie et de contrôle des transmissions de données soient effectuées par un calculateur temps réel qui deviendra plus tard le GE-600. Le Département Calculateur de Phoenix avait commencé le design d'une ligne compatible qui sera annoncée sous le nom de GE-400, mais avait rencontré des difficultés dans le haut de gamme de cette ligne qui fut finalement remplacé par le GE-600.

La principale originalité du GE-600 était le fait que d'emblée le système pouvait être installé en uniprocesseur ou en multiprocesseurs, ce qui assurait de couvrir une large gamme avec un seul design de processeur, là où la concurrence (IBM, Burroughs, Univac) présentait plusieurs modèles distincts, pas entièrement compatibles, représentant des frais de migration pour le client et des difficultés d'amortissement pour le constructeur.

La machine possédait des canaux et des unités de contrôle de périphériques identiques à ceux du GE-400. Ces canaux CPI (Common Peripheral Interface) étaient des canaux point à point parallèles sur 6-bits de donnée et limités à des vitesses de transfert à 150 (?) Kcps.

L'unité centrale spécifique et commune à tous les modèles de la série (625 ou 635) était composée de 3 types de modules logées dans des cabinets séparés:  contrôleur de mémoire avec ses unités de mémoires à tores, processeur (CPU central processor unit), canaux d'entrées-sorties (IOC input-output controller). Le contrôleur de mémoire possédait 4 ports le connectant aux unités actives CPU et IOC. Un système possédait un maximum de 2 contrôleurs de mémoire.

L'architecture d'un processeur était relativement classique: deux registres accumulateurs de 36-bits et une unité arithmétique fixe et flottante binaires aux quatre opérations câblées. La syllabe d'adressage sur 18 bits comportait un adressage direct sur 15 bits (32 768 mots de 36-bits) avec 3 registres d'index et la possibilité d'un adressage indirect récursif. Les instructions pouvaient aussi des "tally" compteurs modifiant le valeur contenue dans les registres d'index. Une instruction lançant l'exécution d'une instruction ou une paire d'instructions complétait le système d'adressage.

Les programmes pouvaient s'exécuter dans deux modes, le mode maître à adressage absolu et le mode esclave utilisé pour les programmes utilisateurs et qui étaient confinés par un registre BAR comme Barricade qui désignait l'emplacement initial de la zone utilisateur et par une longueur qui empêchait d'adresser les mémoires au delà de l'adresse BAR+longueur. Les adresses code ou données n'étaient pas différenciées du point de vue de l'architecture matériel et les programmes étaient automodifiables. La protection de mémoire assurée par le registre BAR permettait la multiprogrammation d'applications avec impossibilité d'altération directe d'un programme par un autre.

Si le matériel permettait de réaliser des systèmes redondants ou des systèmes de multiprocesseurs asymétriques, cette facilité n'a pas été supportée par le logiciel jusqu'aux années 1990.

Après une première version d'un système d'exploitation (moniteur batch monoprogrammation), c'est sous le système d'exploitation GECOS II (General Electric Comprehensive Operating System) que fut commercialisé la machine. C'est un système exécutant des travaux (scientifiques ou de gestion) en multiprogrammation. Un système de fichiers séquentiels (bandes-disques) ou à accès-direct (disques) GEFRC complétait GECOS. La description des travaux était entrée sous forme de cartes de contrôle qui étaient interprétées par le System Input Reader pour en faire des candidats à l'exécution.

Les canaux de l'IOC ne connectaient qu'un seul contrôleur (en jargon IBM, c'était des selectors channels, même en ce qui concerne les appareils unit-records (lecteur de cartes, perforateur de cartes Bull -disponible dès avant la fusion- et imprimante). Ils fonctionnaient en adresse absolue et nécessitaient un appel au superviseur. En pratique les appareils unit records étaient contrôlés par des programmes système de "spool" qui convertissaient les decks de cartes en fichiers et vice-versa pour la (ou les) imprimante(s). 

Les terminaux (initialement uniquement des mini-ordianteurs Univac 1004 puis GE115 à cartes et imprimantes) étaient eux supportés par l'intermédiaire d'un ordinateur frontal Datanet-30 (système GERTS-30) à un logiciel GERTS permettant un mode remote-batch.

Bibliographie:

Homer Oldsfield, un livre édité par IEEE qui décrit la vie du GE Computer Department par son premier directeur. Le livre comprend beaucoup de témoignages favorables au GE-600 fournis par son concepteur John Couleur.

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