Ma première visite en Chine eut lieu fin
septembre 1983, bien entendu à l'époque en voyage organisé, dans un pays qui
avait encore bien des restrictions envers les étrangers. Le but du voyage
était "la route de la Soie" ou plutôt la partie de cette route
accessible aux étrangers puisque Kashgar était encore zone interdite.
Le vol Paris-Pékin s'effectua dans un 747-SP
de CAAC. Le 747-SP était un modèle "long range" raccourci.
Cependant, le vol s'effectua via une escale à Sharjah dans les Émirats Arabes Unis.
L'avion était plein et la soute à bagages et l'intérieur ressemblait plus à
un camion de chez Darty qu'à un vol d'affaires: réfrigérateurs, postes de
télévision et gadgets divers faisaient partie des impedimenta que ramenaient
en Chine diplomates ou expatriés divers. Également surprenant, furent les
préparatifs de l'atterrissage où les passagers commencèrent à se masser
près de la sortie avant le poser des roues.
Nous arrivâmes à Beijing en début d'après
midi et furent amenés visiter le temple du Ciel avant d'avoir pu prendre
possession de nos chambres (overbooking oblige).Nous passâmes les deux jours
suivants dans des visites de Pékin: Cité Interdite, Palais d'Été, Temple des
Lamas, Grande Muraille à Badaling, Tombeaux des Ming sur la route de
Badaling.
Trois jours après, nous repartîmes à
l'aéroport prendre un Il-62 pour un vol de 3 heures et demie pour Urumqi la
capitale du Xinjiang. Urumqi était une ville à l'architecture un peu
"stalinienne", très
étendue avec des buildings sans âme, surmontée d'un temple (la pagode
Zhenlong) perché sur une
colline. De Urumqi, nous fîmes des excursions au sud-est visiter un village de
yourtes kirghizes, à l'est pour visiter le lac du Ciel au coeur des Tian-Shan
(les montagnes du ciel), la chaîne de montagnes qui sépare le Xinjiang en deux
parties. Nous prîmes rapidement conscience que nous n'étions que très partiellement
en Chine. Le guide-interprète français-han (chinois), venu de Pékin, devait
laisser le contrôle à un guide uighur (qui nous parlait en anglais). Les
Uighur n'étaient pas soumis au contrôle des naissances rigoureux et arboraient
fièrement leur culture turque.
A Urumqi, nous eûmes l'occasion de rencontrer des ingénieurs français qui
faisaient de la prospection pétrolière dans la Djoungarie, plaine située à
l'ouest vers la frontière de Sibérie?
Un soir, on nous offrit une soirée folklorique uighur, dont le folklore
rappelait celui de leurs frères de Turquie. Le banquet fut somptueux, à l'exception
du vin sirupeux.
Nous fîmes une assez longue route pour rejoindre au Sud des Tian-Shan l'oasis
de Turfan, située dans le désert et rappelant les grandes oasis sahariennes.
Marchés privés en plein air, où l'on trouvait des fruits frais et des Corans
en arabe. Autour de Turfan, on trouve des ruines intéressantes de Gaochang, de
Jiaohe et de
Bézéklik avec des peintures bouddhiques anciennes, partiellement couvertes de
graffiti et dont certaines parties avaient été "démontées" par des
explorateurs européens intrépides... Turfan possède une ancienne mosquée et
est la capitale du raisin.
Nous continuâmes notre route vers l'est en bus
pour rejoindre la ligne de chemin de fer et après une nuit de wagon-lit
"mou", nous reprîmes le minibus pour Dunhuang. Un peu au sud de
Dunhuang, se trouvent les fameuses grottes de Mogao, célèbres par leurs
sculptures et peintures bouddhiques.
Nous repartîmes par la route le long de la
partie occidentale de la Grande Muraille à la forteresse de Jiayuguan et nous
fîmes escale à Juiquan, une ville connue depuis pour être la gare du Centre
de lancements de fusées balistiques chinoises, mais nous ne fîmes que visiter
les fouilles archéologiques des tombes d'Astana au voisinage de Jiuquan.
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Nous prîmes ensuite l'avion pour Lanzhou, la
capitale du Gansu, située dans les plateaux de loess traversés par le Fleuve
Jaune (Huang-He) le bien nommé car il charrie énormément d'alluvions.
Le lendemain, nous reprîmes la route du Sud-Ouest, traversant une zone
interdite aux étrangers, pour rejoindre un barrage sur le Fleuve Jaune et faire
une croisière sur le lac en amont pour aller aux grottes de Bigling si aussi
appelées Qian fo dong -les grottes au Mille Bouddhas, et qui sont parmmi
les plus anciennes de Chine.
Le lendemain, nous prîmes l'avion pour Xian,
l'ancienne capitale des Qin, puis des Han, par un temps pluvieux.
Xian est une ville quadrillée méthodiquement -comme Pékin construit sous son
modèle. Cependant devenue capitale provinciale du Shaan Xi depuis le Moyen Age,
cette ville conserve de sa grandeur passée les portes de ses remparts,
sa grande mosquée, et deux pagodes la Grande Pagode de l'Oie Sauvage avec
son temple Da ci’en si et la petite pagode de l'Oie Sauvage et le temple Jian
Fu. Le musée provincial comporte une "forêt de stèles" inscriptions
précieuses très anciennes.
Nous visitâmes aussi le mausolée de Maoling à quelques dizaines de
kilomètres qui renferme la tombe de l'empereur han Wudi. Enfin, un séjour à
Xian ne saurait être complet sans la visite des excavations des guerriers du
grand empereur Qin-shi-huang-di, dont on connaît la position du tombeau sous
une colline, mais qui n'a pas encore été dégagé.
A Xian nous eûmes une soirée folklorique avec des danses datant, parait-il, de
l'époque Tang.
A notre retour à Xian, nous devions en
principe prendre le train de nuit vers Taiyuan, mais nous apprîmes que la voie
était coupée par un glissement de terrain et nous reconquîmes nos chambres
d'hôtel, au dépens probablement d'un autre groupe de visiteurs. La compagnie
de tourisme chinoise Luxingshe avait fait preuve d'efficacité en étant capable
de trouver un avion spécial le lendemain matin pour Taiyuan, la capitale du
Shanxi.
Nous étions logé dans un hôtel stalinien aux chambres très grandes, aux
hauts plafond et à la plomberie catastrophique, réservée aux cadres
politiques et à quelques groupes étrangers.
A Taiyuan,nous visitâmes le temple Jinci
et le monastère bouddhique des pagodes jumelles.
Nous repartîmes par le train de nuit pour
Datong ville où la ligne de la route de la Soie rejoint le Transsibérien.
Datong était une ville industrielle où le charbon était omniprésent en
camion, en train, en charrettes à bras ou à traction animale.
Nous visitâmes les grottes de Yungang, un peu plus récentes que celles vues à
Mogao, ainsi que le monastère Huayan aux belles sculptures Wei.
Le logement à Datong était simplement exécrable dans une annexe de l'Hôtel,
conditions encore aggravées par le manque de chauffage, au pays du charbon.
Nous repartîmes ensuite par le train de nuit pour
Pékin où nous eûmes quartier libre pour une revisite non guidée de la Cité
Interdite et une visite du musée d'historie de la Chine.
Nous reprîmes le 747 de la CAAC via une
escale dans le petit, mais somptueux, aéroport de Sharjah.
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Je suis retourné en Chine en avril 1997 au cours d'un voyage en
Extrême-Orient et j'ai rayonné autour de HongKong, me rendant
également à Taipeh (République de Chine ou province de Taiwan selon son
obédience politique). C'était deux mois avant la "dévolution" de
HongKong à la Chine. L'Union Jack commençait à faire la transition et les
opposants manifestaient à peu près tous les jours à Kowloon contre les
violations des droits de l'homme à Beijing, dans une certaine indifférence de
la population chinoise. On pouvait aussi noter des manifestations de personnel
de maison philippins inquiets d'un départ des Européens. A part cela, HongKong
était "business as usual". Le musée de Kowloon insistait peut-être
plus sur la conquête coloniale et les guerres de l'opium qu'il le faisait à
l'apogée de la colonisation britannique.
Nous sommes allés de HongKong à Guilin, une ville renommée sur le
plan touristique certes avec sa fameuse excursion sur la rivière Li, mais très
intéressante parce que beaucoup moins tournée vers l'industrie sinon pour la
consommation locale.
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Après le retour à HKG et un petit séjour à Taipeh, nous sommes allés
trois jours à Canton (Guangdong) par le train. Nous avons traversé
Shenzhen une ville champignon toute orientée vers l'exportation (textile et
électronique), puis à peine quelques rizières et nous sommes arrivés dans
cette métropole couverte de chantiers qu'était Guangdong.
Enfin, nous avons pris un bain d'Europe à Macao rejoint en hydrofoil
depuis le port de HongKong. Certes Macao possède quelques quartiers
périphériques champignons, mais c'est beaucoup moins les casinos qui
retiennent l'attention du moins le jour, qu'une ville portugaise un peu endormie
comparée aux autres villes chinoises visitées.
Un résumé de l'activité de ces villes: à Guilin règnent les bicyclettes,
à Taipeh les scooters, à Canton les motos et les voitures de sport, et
à Hong-Kong le métro et les ferries.
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